Circulaires: Mettons fin à la partisanerie

Dans leur lettre ouverte « Distribution des circulaires : il ne faut pas perdre la vue d’ensemble » (La Presse, 22 novembre), les représentantes du Conseil du patronat et de la Fédération des chambres de commerce du Québec se plaignent du manque d’impartialité des membres de la commission chargée d’étudier le contrôle des circulaires et les appellent à s’appuyer sur l’ensemble des faits avant de présenter leurs recommandations.

Ayant moi-même assisté à toutes les séances de cette commission et ayant entendu tous les intervenants, je peux très bien comprendre les inquiétudes des autrices de cette lettre, sans toutefois partager leurs craintes. Ce qu’elles interprètent comme de la partialité vient simplement de la très grande quantité de faits qui appuient une distribution limitée aux gens intéressés (opt-in) et qui ont été présentés par des dizaines d’intervenants et spécialistes.

Plusieurs citoyens sont venus témoigner de l’échec du système actuel (opt-out), qui permet la livraison à tout le monde sauf au gens qui expriment un refus. Des milliers d’infractions sont commises par les livreurs chaque semaine sans que la moindre pénalité n’ait jamais été payée par Transcontinental (TC).

L’Institut économique de Montréal (IEDM) a aussi révélé que, selon des études internes faites par TC, seuls 25% des gens se donneraient la peine de contacter l’entreprise pour obtenir un autocollant opt-in si ce modèle devait être mis en place. On peut donc en déduire que trois personnes sur quatre vivraient très bien sans Publisac ou utiliseraient sa version en ligne.

Pour ce qui est de l’impact environnemental, nous avons appris que le Publisac à lui seul représente 11% de tout ce qui entre dans les centres de tri déjà surchargés de la province. Un Publisac qui n’a pas été vidé de son contenu ira directement à l’enfouissement; sinon, la matière récupérée (plastique et papier mixte) a une valeur négative sur le marché de la revente. Un papier ou un plastique recyclé perd de ses propriétés initiales et doit être utilisé pour fabriquer des produits de moins bonne qualité que le matériau original. Autant d’arguments qui contredisent la soi-disant économie circulaire du Publisac tant vantée par TC.

Autres révélations : les études scientifiques qui prennent la défense du sac plastique ont en fait été commandées et payées par le American Chemistry Council, et deux autres études citées par les alliés de TC utilisaient une méthodologie trompeuse pour conclure que le sac plastique était plus écologique que le sac papier.

Nous avons été une vingtaine de citoyens à nous déplacer pour présenter nos mémoires et opinions à la commission, et ainsi parler au nom des centaines de milliers de personnes qui n’ont ni le temps ni les moyens de répondre aux efforts financiers déployés par TC en termes de lobbying et de campagnes de publicité.

Si les autrices de la lettre avaient entendu les différents spécialistes et intervenants avec la même impartialité qu’elles réclament de la part de la commission, je suis convaincu qu’elles auraient mis de côté la partisanerie de leur lobby respectif et auraient appuyé un meilleur contrôle des circulaires.

Mémoire déposé à la Commission sur le contrôle des circulaires

Présentation du mémoire le 12 novembre 2019